Un éminent chercheur français longuement interrogé sur le Hamas

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Le chercheur François Burgat, ancien membre du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en France, a passé sept heures en garde à vue suite à une plainte déposée à son encontre pour "apologie au terrorisme".
Cette enquête fait suite à ses réactions à une déclaration du mouvement de résistance islamique Hamas, selon le journal "Libération".
Sa convocation fait suite à une plainte déposée par l'Organisation Juive Européenne, en raison de la participation et des commentaires de l'académicien bien connu sur une publication concernant le Hamas.
Cette mesure des autorités sécuritaires montre la tendance des services de sécurité devenus "sévères" envers ceux qui soutiennent la résistance en Palestine, quel que soit leur statut, tandis qu’ils se montrent plus indulgentes dans le cas contraire.
Le journal de gauche a rapporté que Burgat a été libéré en début d’après-midi, selon le bureau du procureur à Aix-en-Provence.
De son côté, l'académicien retraité, spécialiste des questions d'extrémisme, a exprimé son "indignation face aux accusations", les qualifiant de "médaille d'honneur".
Il a, également, dénoncé les autorités françaises qui ont, injustement, fait de lui ainsi que des autres français d’origine musulmane une "cible injuste", affirmant que ces accusations font partie d'une "campagne plus large visant à museler les voix qui critiquent Israël".
Le dossier a été transmis au "ministère public pour une analyse juridique des faits qui ont justifié cet interrogatoire", selon le procureur.
L'avocat de Burgat, Maître Rafik Chekkat, a déclaré que l'interrogatoire portait principalement sur l'opinion de son client sur le Hamas et ses rencontres avec divers cadres de l'organisation, soulignant que Burgat avait répondu en détail aux questions, soulignant que cela relevait de ses recherches et de ses publications. Il a rappelé que son client avait déjà été invité par le Sénat, l'Assemblée nationale et la Cour d'assises antiterroriste pour présenter ses théories.
Les faits remontent au 2 janvier 2024, lorsque Burgat a commenté une déclaration du Hamas en réponse à un article du "New York Times" sur les "allégations de viol et de violence perpétrées par des combattants du Hamas", considérées comme une tentative désespérée des sionistes de ternir l'image de la résistance. Il avait écrit : "J'ai plus de respect et d'intérêt pour les dirigeants du Hamas que pour ceux d'Israël".
C'est la première fois qu'un professeur universitaire est inquiété par la justice pour avoir exprimé une opinion politique sur un conflit étranger. Chose que beaucoup considèrent comme une "atteinte à la liberté de recherche".
Le délit d’apologie du terrorisme, inscrit dans le code pénal depuis 2014, est passible de sept ans de prison et de 100.000 euros d'amende lorsque les faits sont commis en ligne.
Cette accusation, lâche et portant des dimensions plus politiques que criminelles, s'est multipliée de manière significative ces derniers mois, visant quiconque exprimant de la sympathie pour le Hamas. L'ancien ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, avait signé un texte sur la "poursuite de toute personne glorifiant publiquement les attaques du Hamas, les présentant comme une résistance légitime à Israël".