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Pour la première fois dans l'histoire du baccalauréat algérien, des enseignants correcteurs ont été rappelés pour effectuer une quatrième et même une cinquième correction des copies d'examen de la session de juin 2024. Cette décision, prise après la fin officielle des corrections, a suscité une grande indignation parmi les enseignants.
Les correcteurs, qui avaient déjà quitté les centres de correction, ont été sommés de revenir pour ces nouvelles corrections. Cette situation a créé un grand malaise, car les centres étaient souvent dépourvus de chefs de comité et d'inspecteurs, comme l'exige le règlement.
Les enseignants ont exprimé leur mécontentement face à cette décision inédite. "Nous avons été contraints de revenir pour corriger à nouveau des copies, alors que nous étions partis en vacances avec nos familles", ont-ils confié au journal El Khabar. Cette mesure, selon eux, remet en question la crédibilité de l'examen, car les candidats concernés par ces corrections supplémentaires sont désormais connus des correcteurs.
Les correcteurs craignent que cette situation n'affecte la confidentialité de la procédure de correction. Les copies, normalement anonymes pour garantir l'impartialité, ont été ciblées pour des corrections supplémentaires en raison de notes initialement faibles. "Cela n'a jamais été vu dans l'histoire du bac algérien", ont-ils ajouté.
Les centres de correction ont reçu un grand nombre de copies pour ces corrections supplémentaires. Un chef de centre a rapporté que 1.500 copies avaient été concernées par la quatrième correction dans son centre, avec la procédure se poursuivant encore en raison du manque de correcteurs disponibles.
Les enseignants estiment que cette situation pourrait "diluer" le processus de correction du bac, compromettant ainsi la crédibilité de l'examen. Le coordinateur national du SNTE, Hamza Belhouari, a souligné le mécontentement des enseignants dans plusieurs wilayas, notamment à Mostaganem, Oran, et Sétif. "Il aurait été préférable d'utiliser la carte de synthèse conformément à nos propositions de réforme de cet examen crucial", a-t-il déclaré.
Le représentant du Cnapest, Massoud Boudina, a également plaidé pour l'adoption de la carte de synthèse et des délibérations pour éviter ces corrections multiples, affirmant que le système actuel présente des failles nécessitant une révision.
"Recourir à une quatrième et cinquième correction montre l'inefficacité du système actuel. La carte de synthèse garantirait la crédibilité et la transparence des résultats de l'examen, en valorisant les efforts des élèves tout au long de l'année scolaire", a-t-il conclu.
Cette situation exceptionnelle appelle à une réflexion approfondie sur le système de correction du bac en Algérie, afin de garantir l'équité et la transparence de cet examen crucial.