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Les partis islamistes participent aux élections présidentielles avec divers enjeux, mais leur objectif commun est de renforcer leur présence sur la scène politique et d'élargir leur base électorale en prévision des prochains scrutins.
Pour le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), qui présente un candidat pour la deuxième fois depuis sa fondation au début des années 1990, la participation représente un pas vers le succès de cette élection présidentielle. Cela vise à légitimer le mouvement et à changer son image stéréotypée comme simple référendum sur le bilan du candidat des partis au pouvoir et son maintien au pouvoir.
Le message que le MSP cherche à transmettre à travers sa participation est sa reconnaissance envers l'État qui l'a protégé à une époque où de nombreux gouvernements régionaux et leurs services de renseignement menaient une guerre contre le courant auquel il appartient. Il aspire également à reconnaître les mérites et les sacrifices de l'État, tout en soutenant sa stabilité depuis sa fondation et en étant récompensé pour cela.
De plus, ils espèrent maintenir la dynamique observée depuis les élections législatives, qui a renforcé leur position en tant que principale force d'opposition islamiste sur la scène politique.
Concernant leur bilan Les conditons politiques et conditions de sécurité sont radicalement différents de ceux des élections du 16 novembre 1995 et ne peuvent être comparés. À cette époque, le fondateur et candidat du défunt parti, Mahfoud Nahnah, avait obtenu 2 971 974 voix contre 7 millions pour le président sortant Liamine Zéroual, ce qui lui avait assuré la deuxième place avec une large avance sur les autres candidats, Saïd Saadi et Nourredine Boukrouh.
Bien que trois millions de voix semblent loin, il est crucial de surpasser au moins le leader dissident du MSP, Abdelkader Bengrina qui avait recueilli jusqu'à un million et demi de voix lors des élections de décembre 2019.
Abdelali Hasseni Cherif, candidat du MSP à la présidence, entre dans la course avec une grande confiance en lui-même, espérant attirer les électeurs favorables au courant islamiste. Malgré son statut de nouvelle personnalité pour les Algériens, ses partisans croient qu'il est un atout en raison de sa non implication dans les manœuvres politiques auxquelles le mouvement avait été associé avant 2019.
Il travaille à transformer son manque de charisme ou de leadership en force, en s'appuyant sur le soutien et l'assistance d'une équipe dévouée, convaincue que son succès personnel est le succès collectif de toute l'équipe. Parallèlement, il lance un programme électoral attractif et vise à attirer les votes des régions intérieures, profitant de l'absence de concurrent islamiste sur cette base électorale.
Hasseni a reçu un soutien public du Mouvement Ennahda et devrait obtenir le soutien des partisans du Front de la Justice et du Développement, qui ont décidé de ne pas présenter de candidat, ainsi qu'une partie de la base électorale du Mouvement El Bina mécontente des choix de la direction actuelle.
Quant au leadership du Mouvement El Bina ses enjeux de participation reposent sur le succès et la victoire du candidat Abdelmajid Tebboune avec une majorité écrasante, renforçant ainsi sa base électorale, sa légitimité et sa légitimité politique. Cela permettrait également de consolider les promesses restantes et de passer à la réalisation de ce qui n'a pas pu être accompli en raison des circonstances.
Ce n'est pas la première fois que les islamistes participent à des élections présidentielles avec des rangs divisés. Les expériences des alliances dans les élections législatives et locales ont échoué, et l'Alliance Algérienne Verte en 2012 (élections législatives et locales) n'a pas obtenu de résultats probants. La coalition qui l'a suivie en 2017 a également échoué à obtenir de meilleurs résultats.
Selon les observateurs, les positions et choix politiques de chaque parti sont basés sur une série de données propres à chacun. Les décisions varient selon les perspectives et la position de chaque organisation, ce qui est naturel dans le travail politique. Ils estiment que la division n'aura d'impact que sur la deuxième vague de partisans de ce courant, qui comprend les sympathisants de l'ensemble des électeurs. En revanche, les militants idéologiques et structurés résisteront aux changements, tandis que la bataille électorale repose sur des détails permettant de capturer ceux qui n'ont pas d'opinion.