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Les dirigeants des partis de gauche en France ont vivement critiqué la décision d’Emmanuel Macron de soutenir l’annexion du Sahara Occidental par le Maroc, affirmant que cela était motivé par une « convoitise pour ses ressources ».
Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste français, a accusé le président français de trahir la position historique et équilibrée de son pays concernant les droits des Sahraouis et les résolutions de l’ONU, imputant à Macron la responsabilité de cette crise diplomatique, qu’il attribue à une volonté de continuer à exploiter les ressources de l'Afrique, y compris celles du Sahara Occidental.
Nathalie Arthaud, responsable du Parti trotskyste, Lutte Ouvrière, a quant à elle critiqué Macron en affirmant que son soutien à la domination du Maroc sur le Sahara Occidental est le résultat de la réconciliation avec le roi marocain Mohammed VI, qu'elle considère comme un serviteur de l'impérialisme.
De l’autre côté du spectre politique, la position française a reçu le soutien des extrémistes de droite. Marine Le Pen, la dirigeante du Rassemblement national, a déclaré que la France avait tardé à soutenir la position marocaine, et les mêmes sentiments ont été exprimés par ses alliés républicains, Éric Ciotti et Thierry Mariani.
Le gouvernement français a choisi de ne pas commenter la décision de l'Algérie de rappeler son ambassadeur, se contentant de déclarer, selon l'AFP, avoir "pris note de la décision de l'Algérie de rappeler son ambassadeur" et affirmant son intention de continuer à approfondir les relations bilatérales avec l’Algérie.
La crise actuelle dans les relations franco-algériennes a occupé la une du quotidien "Le Figaro", qui lui a consacré deux pages avec un éditorial traitant du changement de position de la France sur le conflit sahraoui.
"Le Figaro" a exploré les scénarios possibles du conflit entre l’Algérie et la France, suggérant que la réaction algérienne ne se limiterait pas à rappeler son ambassadeur. Le quotidien envisage des mesures telles que l’annulation de la visite prévue du président Tebboune en octobre prochain, l'arrêt des expulsions d’immigrés en situation irrégulière, et la possibilité de sanctions économiques. Selon la presse, la France s'attendait à ces répercussions et est préparée à y faire face, comme l’a expliqué l’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, qui a évoqué les outils dont dispose la France pour répondre à d’éventuelles sanctions algériennes.
Il a rappelé les mesures que la France avait déjà mises en place en 2021, lors de la première crise entre les deux pays sous la présidence actuelle. Ces mesures incluaient la restriction de l'octroi de visas, la résiliation de l'accord d’immigration de 1968, et la limitation de l'application de l'accord de 2007 qui accordait des privilèges aux détenteurs de passeports diplomatiques, y compris les hauts responsables et leurs familles, ainsi que des restrictions sur l'accord de sécurité sociale (soins médicaux et pensions de retraite).
Le journal "Le Monde" a, quant à lui, plongé au cœur du changement de position française, révélant que cela était en préparation depuis près d'un an. La presse indique que les entreprises françaises avec des intérêts au Maroc étaient déjà au courant de ce nouveau positionnement.
Le quotidien a noté que les premiers signes du changement ont émergé lors de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU le 30 octobre dernier sur le renouvellement du mandat de la MINURSO (Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental), où les positions du représentant français étaient les mêmes que celles exprimées plus tard par le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, lors de sa visite à Rabat. Ce tournant a également coïncidé avec des visites intensifiées entre Paris et la capitale marocaine.
Le journal a également identifié quatre proches de Macron ayant joué un rôle clé dans cette orientation, à savoir l’actuel ambassadeur français au Maroc, Christophe Lecourtier, connu pour sa proximité avec le président, Anne Grillo, directrice pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient au ministère des Affaires étrangères, ainsi qu’Anne-Claire Legendre, conseillère de Macron, et Aurélien Lechevalier, directeur général de la mondialisation.
Le cercle rapproché de Macron a réussi à le convaincre que "parier sur le Maroc serait plus avantageux pour la France que de tenter de satisfaire les deux anciennes colonies et risquer de perdre les deux".