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La campagne présidentielle a entamé sa deuxième semaine avec une quasi-constance dans le rythme, sans grandes innovations malgré les remarques soumises à leurs équipes, concernant des zones d’ombre nécessitant d’être éclaircies. Parmi les principaux points notés, on relève une confusion organisationnelle ayant conduit l'Autorité électorale à intervenir à trois reprises en une semaine. La campagne a, en revanche, enregistré des points positifs majeurs, notamment l’émergence de trois figures qui ont dynamisé la scène sur le plan virtuel, attirant l’attention régionale et internationale, grâce aux interventions de Salah Goudjil, président du Conseil de la Nation, du candidat indépendant Abdelmadjid Tebboune, et de son soutien Abdelkader Bengrina, président du Mouvement pour El Bina.
Goudjil, en tant qu’ancien moudjahid et président du Conseil de la Nation, la deuxième personnalité de l'État, a exprimé son soutien à un second mandat pour le président Tebboune, afin de poursuivre le travail entamé en 2019, notamment en consolidant les institutions de l'État et en continuant à rassembler les Algériens autour de la nécessité de préserver l’héritage de la génération de la révolution et de défendre la souveraineté et l’indépendance de l’Algérie contre les tentatives de déstabilisation et de remettre en cause le parcours entamé depuis quatre ans.
Goudjil, qui n'est pas étranger à ce discours, l’ayant réitéré à plusieurs occasions à travers des articles publiés lors de moments historiques clés. Il considère que la Révolution de Novembre, que l'Algérie fêtera dans deux mois pour son 70e anniversaire, est toujours en cours. Il estime donc que toutes les élites nationales doivent se regrouper autour des points communs et abandonner le raisonnement unilatéral qui ne ferait qu’amener des malheurs à la nation, en particulier dans le contexte international et régional marqué par les tensions, les conflits et les guerres par procuration. Les événements en Palestine occupée, en Ukraine et dans le Sahel africain, dus à la confrontation des grandes puissances pour le contrôle des ressources et des intérêts stratégiques, sont des exemples frappants de ce phénomène.
Dans le même ordre d’idées, les déclarations de Tebboune concernant l’aide humanitaire et l’assistance aux Palestiniens dans la bande de Gaza ont fait le tour des médias et des réseaux sociaux internationaux, après avoir été clairement déformées par les relais médiatiques hostiles. Cela a ravivé l'intérêt pour la question palestinienne plus que de nuire à l’image de l’Algérie et de ses institutions, qui sont régies par des principes constitutionnels clairs.
Tebboune a déclaré à Constantine, lors de son premier rassemblement régional dans le cadre de sa campagne électorale, devant des milliers de partisans, qu’il attendait l’ouverture des frontières entre l’Égypte et Gaza pour envoyer des hôpitaux de campagne afin d’alléger les souffrances des habitants. Il est évident que la tâche du transport serait confiée à l’armée nationale populaire via l’Égypte, comme cela a été fait dans des cas similaires. Cependant, des forces malveillantes ont tenté de tirer parti de ces déclarations pour semer la discorde entre l’Algérie et l’Égypte, mais les élites en Algérie et en Égypte ont rapidement désamorcé cette tension.
De son côté, Abdelkader Bengrina, président du Mouvement El Bina, soutien de Tebboune, a continué à alimenter la controverse qui a commencé dès le premier jour où Bengrina a annoncé la candidature de Tebboune par les membres du conseil du parti. Cette décision a surpris les observateurs, considérant qu’elle était imprévue, puisque le président Tebboune avait rejeté tout soutien partisan durant son premier mandat, et avait aussi refusé d’être soutenu par de grands partis avant d’annoncer sa candidature pour un second mandat.
Malgré les critiques venant de tous côtés, Bengrina continue à provoquer le débat, tandis que ses partenaires de la campagne de Tebboune optent pour une approche plus discrète. La direction de la campagne, dirigée par Brahim Merad, a pris en compte les remarques des délégations locales pour ajuster sa stratégie, invitant les partenaires à intensifier les activités locales et à dialoguer davantage avec le public, tout en réduisant les rassemblements en salles fermées, qui restent principalement destinés aux militants et sympathisants.
Réactions des concurrents
D'autre part, les observateurs s’attendent à ce que les candidats Youcef Aouchiche et Abdelali Hassani Cherif modifient le rythme de leur campagne, en abordant les dossiers jugés prioritaires par les citoyens et en mettant en avant les faiblesses du programme de leur concurrent, le président actuel Abdelmadjid Tebboune, soutenu par plusieurs partis, associations et organisations de masse. Tebboune bénéficie également de son bilan qui a rétabli la stabilité après une crise majeure. Aouchiche et Hassani Cherif, qui profitent de la rupture du silence observé depuis plus de deux décennies, doivent se lancer dans la présentation de leurs idées et la promotion de leur discours politique en vue des prochaines élections locales et législatives, où la concurrence sera vive entre les partis. Les dirigeants des partis comme le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP) et le Mouvement El Bina semblent conscients de cette dynamique et misent sur cela.