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La mort de Yahya Sinwar, le leader du Hamas, ne constitue pas nécessairement une victoire pour l'occupation sioniste, contrairement à ce que certains pourraient penser. Netanyahou souhaitait éliminer Sinwar par une opération de précision et de renseignement, afin de pouvoir déclarer publiquement que la prolongation de la guerre et l'entrave à tout accord étaient justifiées par ce moment historique.
La mort d’Abou Ibrahim est survenue par hasard aux mains de soldats de l'infanterie, et non par une unité d'élite. L'armée israélienne, après plus d’un an d’agression contre Gaza, a réussi par chance à éliminer Sinwar, tout comme elle aurait pu atteindre Hassan Nasrallah plus facilement. De plus, le fait que Sinwar soit tombé sur le terrain, se déplaçant entre les ruines de Tel al-Sultan à Rafah, a brisé la propagande israélienne qui affirmait qu'il se cachait dans des tunnels entouré de prisonniers utilisés comme boucliers humains.
La mort du chef du Hamas, armé et présent sur le front, a renforcé son prestige en tant que leader courageux, combattant en première ligne. Certains analystes estiment même que Netanyahou est peut-être celui qui regrette le plus la disparition de Sinwar, car celle-ci lui retire l'un des principaux prétextes pour poursuivre l'agression : l'idée que l'élimination de Sinwar entraînerait la fin du Hamas, selon sa vision.
En outre, la mort de Yahya Sinwar pourrait accroître la pression des familles de prisonniers pour avancer dans la conclusion d'un accord d'échange des prisonniers. L'opposant politique Yair Lapid n'a pas tardé à évoquer cette perspective après l'annonce de la mort de Sinwar, en déclarant : « Il faut saisir l'occasion pour agir de manière décisive concernant les otages ».
Netanyahou aura désormais du mal à justifier la poursuite de l'offensive à Gaza et le refus de relancer les négociations d'échange de prisonniers et le cessez-le-feu. Le site américain "Politico" a rapporté que des responsables de l'administration Biden considèrent que « la mort de Sinwar donnera un élan à ceux qui, en Israël, appellent à une désescalade ». Même le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a souligné la nécessité de relancer les négociations pour libérer les prisonniers et instaurer un cessez-le-feu.
Yoav Galant, le ministre de la Défense israélien et allié de Netanyahou dans cette campagne meurtrière, a déclaré à son homologue américain Lloyd Austin que « la mort du leader du Hamas Yahya Sinwar est un événement stratégique qui changera les règles du jeu ».
La seule carte qui reste entre les mains de Netanyahou pourrait être une attaque contre l'Iran, en réponse aux récentes frappes de Téhéran. Cela lui permettrait de gagner du temps en détournant l'attention vers un autre front, après que l'attention internationale se soit de nouveau tournée vers Gaza.
Les cartes sont brouillées, et il est difficile de prévoir ce qui adviendra, sauf du côté de la résistance, qui, en annonçant la mort de son leader, a réaffirmé ses positions pour arrêter l'agression, maintenant les mêmes conditions fixées par Sinwar avant sa mort, laissant derrière lui un héritage de lutte que l'histoire retiendra.