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La visite prévue du président français, Emmanuel Macron, au Maroc du 28 au 30 octobre, en réponse à une invitation du roi du Maroc, annoncée ce lundi par le palais royal de Rabat, semble montrer que Paris a choisi "son camp". Cela intervient après que les relations avec l'Algérie aient atteint un point de rupture, en raison du soutien de la France au plan d'autonomie marocain pour le Sahara occidental et des provocations délibérées sur la question de l'immigration.
Lorsque l'Élysée a annoncé son soutien au plan marocain à la fin juillet, il était évident que le Maroc et la France étaient prêts à surmonter les obstacles qui avaient tendu leurs relations depuis 2021. Cela a commencé avec l'affaire de l'espionnage de personnalités publiques et de journalistes français par le Maroc, via le programme israélien "Pegasus", suivie par la visite de Macron en Algérie en août 2022, perçue par Rabat comme une démarche au détriment de sa relation avec Paris. Il y a également eu la "crise des visas" et les pressions exercées par la France pour que le Maroc accepte de reprendre ses citoyens en situation irrégulière expulsés de France.
Malgré ces tensions, les deux pays ont veillé à maintenir un équilibre délicat dans leurs relations, en raison d'intérêts politiques, culturels et historiques. Le Maroc reste un pays ouvert aux Français, notamment pour la propriété et les investissements, et est une destination privilégiée par rapport aux autres pays du Maghreb.
Contrairement à l'Algérie, le Maroc n'a pas adopté une position rigide sur les questions de certificats consulaires pour l'expulsion de ses ressortissants de France. Cela explique pourquoi le nouveau ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a été particulièrement virulent envers les Algériens et a constamment appelé à l'annulation de l'accord migratoire de 1968.
Macron se rendra à Rabat après l'annulation de la visite du président Abdelmadjid Tebboune à Paris, initialement prévue pour cet automne. Les raisons ayant conduit à cette annulation sont en partie les mêmes qui ont accéléré la planification de la visite de Macron au Maroc, notamment le soutien français à la position marocaine sur le Sahara. De plus, le dossier de l'immigration, moins sensible pour Rabat, a davantage irrité Alger. Mais un autre facteur a poussé Macron à "choisir la voie qui le soulage" : la question du colonialisme et de ses séquelles.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2017, Macron a rencontré des difficultés à apaiser les "douleurs de la mémoire" avec l'Algérie, qui en a fait une condition essentielle à la normalisation des relations. Bien qu'il ait pris des décisions symboliques, comme la reconnaissance de l'assassinat du militant communiste Maurice Audin et de l'avocat Ali Boumendjel, il n'a pas réussi à surmonter le refus algérien de recevoir des "reconnaissances fragmentées" de la responsabilité de l'État pour les crimes commis durant les 132 années de colonisation.
En revanche, la France et le Maroc n'ont pas eu besoin de beaucoup d'efforts pour surmonter leur passé colonial, avec une différence notable dans la nature de la colonisation par rapport à l'Algérie. Il leur a donc été plus facile de surmonter les obstacles qui se sont dressés sur leur chemin depuis l'indépendance du Maroc en 1956.