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Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a accordé ce jeudi une grâce présidentielle touchant près de 4.000 détenus à l’occasion du 70ème anniversaire du déclenchement de la Révolution. Parmi ces personnes libérées, figurent plusieurs activistes du Hirak, condamnés pour des délits de droit commun et d’atteinte à l’ordre public.
Cette libération, à effet immédiat dans plusieurs institutions pénitentiaires, suscite des interrogations quant à son lien avec le projet annoncé par le Président Tebboune de lancer un « dialogue national » et des consultations avec les forces vives du pays. Cette promesse avait été faite lors de sa prestation de serment pour un second mandat présidentiel, après sa victoire aux élections du 7 octobre dernier.
La libération des activistes du Hirak est une revendication des partis d’opposition et des défenseurs des droits de l’homme. Cependant, le gouvernement réfute la notion de « détenus d’opinion » et affirme que ces détenus sont poursuivis pour des infractions de droit commun.
Malgré cette divergence de terminologie, des observateurs estiment que la mesure de grâce pourrait constituer un prélude au dialogue national, prévu fin 2025 ou début 2026, en tant que signe de d’apaisement.
La décision de Tebboune pourrait être un « gage » pour marquer le début des préparatifs du dialogue national, qui a été initialement salué par plusieurs formations, y compris des partis de l'opposition, tels que le Parti des travailleurs, le Front des forces socialistes, le Rassemblement pour la culture et la démocratie et l'Avant-garde des libertés, en plus des partis de l’allégeance qui ont salué le projet dans son intégralité.
Il est logique que cette décision s'inscrive dans le cadre du processus politique dont a parlé Tebboune, compte tenu des expériences précédentes au cours de son premier mandat, lorsqu'il a libéré de nombreux militants et interrompu les poursuites judiciaires à l'encontre de certains militants à l'étranger.
On ne connaît pas encore la forme ou le format du dialogue national attendu, ce qui a incité le président à le mener et la nature de ses résultats possibles, mais ce qui est clair, c'est que le président a lié le processus à l'implication de toutes les parties dans « la planification de la voie que suivra le pays » et « l'établissement d'une véritable démocratie et non d'une démocratie de slogan ».
Seul le Parti des Travailleurs a réagi pour l’instant, en saluant cette mesure tout en exprimant l’espoir de voir davantage d’initiatives similaires. Certains partis et défenseurs des droits de l’Homme réclament également la révision du code pénal, notamment de l’article 87 bis, qu’ils jugent « imprécis ».
Tebboune avait exprimé son intention de lancer un «dialogue national avec toutes les énergies nationales, afin de concrétiser une vraie démocratie», et établir des « contacts et consultations intensifs avec toutes les énergies nationales vives, politiques, économiques et de jeunesse, pour planifier la voie que suivra le pays».
Le président Tebboune avait déjà lancé des processus similaires au début et au milieu de son premier mandat, sous le slogan de l'apaisement puis de la « réunification ». À la fin de son mandat, il a organisé une table ronde avec des chefs de partis et des personnalités nationales de diverses tendances pour parler ouvertement, comme l'ont dit beaucoup d'entre eux.