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La trahison et la perfidie des sultans et des rois du Maroc ne datent pas d’hier. Le peuple algérien, en particulier, a connu la souffrance de ces trahisons à travers les siècles. De la trahison du sultan Moulay Abd al-Rahman envers l'émir Abdelkader, en conspirant avec les colonisateurs français, à celle de Moulay Hassan II et son héritier lors de l'attaque des terres algériennes en 1963, ces événements témoignent de l'hostilité ancrée dans les esprits et les cœurs des dirigeants marocains.

Le 25 février 1873, le journal le New York Times a publié un article qui reste gravé dans la mémoire des dirigeants du Maroc, mettant en lumière la trahison dont fut victime l'émir Abdelkader. L'article affirmait que la défaite de l'émir face à la colonisation française ne résidait pas dans la supériorité des armes françaises, mais dans la trahison du sultan marocain Abd al-Rahman, qui s'allia avec l'ennemi français pour encercler l'émir.

L'article raconte qu'en 1844, le sultan Abd al-Rahman avait signé un accord avec la France coloniale sous le nom de "Traité de Tanger", abandonnant ainsi son soutien à l'émir Abdelkader. Pire encore, il envoya son armée encercler celle de l'émir, déjà assiégée par l'armée française.

Dans une lettre adressée aux savants de l'Azhar en Égypte, l'émir Abdelkader exprima sa déception de la soumission et des retournements du pouvoir alaouite, accusant ouvertement le sultan Abd al-Rahman de trahison.

Toujours selon le New York Times, la défaite de l'émir Abdelkader fut une nouvelle fois causée par la trahison, cette fois des Français, qui ne respectèrent pas les termes de l'"accord de sécurité" qui permettait à l'émir et à sa famille, ainsi qu'à ceux qui désiraient l'accompagner, de migrer vers le monde arabe.

Le journal poursuit en détaillant la trahison française : "Les Français, qui n'avaient cessé de condamner la trahison anglaise envers Napoléon Ier, n'hésitèrent pas à trahir de manière honteuse le chef des Algériens". L'émir Abdelkader se rendit au général Lamoricière sous condition qu'il soit transféré en Égypte ou à Saint-Jean-d'Acre. Mais les généraux français, soucieux de leur sécurité plus que de leur honneur, violèrent leur promesse et envoyèrent l'émir en France.

L'émir arriva en France le 29 janvier 1848, et ni Louis-Philippe ni la République de février n'osèrent restaurer l'honneur de la France en le libérant. Il demeura emprisonné jusqu'en décembre 1852, date à laquelle l'empereur Napoléon III lui accorda sa liberté, sous la condition qu'il ne retourne pas en Algérie et ne prenne pas les armes contre les Français.

L’étoffe des grands hommes

Le journal décrit l'émir Abdelkader comme "l'un des plus grands chefs militaires du siècle", soulignant que sous sa direction, les Algériens parvinrent à affronter les meilleures troupes françaises, infligeant des défaites à leurs généraux lors de batailles classiques. Il précise aussi que l'émir méritait d'être classé parmi les plus grands hommes de ce siècle, en notant son action à Damas, où, après sa libération, il protégea les chrétiens des violences collectives.

Le New York Times conclut en soulignant que si l'émir Abdelkader nourrissait encore de la rancune envers ceux qui l'avaient trahi (en particulier le Maroc), il fut vengé par la défaite humiliante du général Lamoricière en Italie et l'occupation de la France par les armées allemandes. Il reste "un patriote fidèle, un génie militaire incontestable, un homme d'honneur et un homme d'État".

Pour ne pas oublier

En réponse à une question posée par le journal El Khabar concernant les trahisons des sultans du Maroc à travers l’histoire, le chercheur en histoire, Dr. Jamal Yahiaoui, affirme que " revenir sur les serments et les promesses ainsi que la trahison sont des caractéristiques profondément enracinées au Maroc, et cela dure depuis plus de trois siècles. La trahison du sultan marocain Abd al-Rahman envers l’émir Abdelkader ne peut être résumée en quelques lignes". "Le sultan marocain a persisté dans la trahison et la complicité avec les Français contre l’émir Abdelkader, s’alliant avec les ennemis contre le voisin musulman. Cela a poussé l’émir à demander un avis religieux sur ce qui se passait. Il consulta les savants de l’Université Al-Azhar, et l’imam Mohamed Ben Ali Chich, mufti des malékites, ainsi que les savants de Fès qui répondirent également par une fatwa. Cependant, l’émir Abdelkader refusa de lever les armes contre le sultan en raison de sa foi musulmane" poursuit-il.

Yahiaoui continue en expliquant que "Le sultan marocain est allé plus loin dans sa perfidie et sa trahison, fournissant un soutien logistique à l'armée française assiégée par l'émir Abdelkader. Cette dernière aurait presque été anéantie, n'était la trahison du sultan marocain. Par ailleurs, il confisquait les provisions destinées à l'armée de l'émir. L'émir mentionna cela dans une lettre adressée aux savants de l'Université Al-Azhar, où il écrivit :

« Ce que le sultan du Maroc a fait contre nous est une infamie qui ne pourrait être attendue de n'importe qui, encore moins des dignitaires... Il a confisqué de notre agent mille cinq cents fusils anglais, ainsi que quatre cents vêtements de laine que nous avions préparés pour les moudjahidines. Lorsque certains de ses sujets dévoués ont pris une partie de leur bien personnel pour aider les moudjahidines, le sultan les réprimanda, leur enleva leur bien et leur dit : "Cela me revient", bien qu'il ne fût pas engagé dans la guerre. Il interdisait également aux tribus sous son autorité d'aider les nôtres au nom de Dieu ".

Le sultan est allé jusqu’à envoyer son armée pour encercler celle de l’émir Abdelkader alors que celle-ci affrontait l’armée française. Cependant, la sagesse de l’émir et son attachement aux enseignements de l’Islam ne lui permirent pas de combattre un voisin musulman malgré les coups répétés dans le dos".

Dr. Yahiaoui attire également l'attention sur le fait que le sultan du Maroc, persistant dans sa trahison, a signé avec la France "le Traité de Tanger" en 1844, puis l'Accord de Lalla Maghnia en 1945.

Il souligne que l'article du New York Times publié en février 1873 confirme que la défaite subie par l’émir Abdelkader ne provenait pas de la supériorité de l'armée française, mais de la trahison dont il a été victime de la part du sultan marocain Abd al-Rahman, qui s'était allié avec l'ennemi français pour l'encercler.