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Lorsque je me trouvais dans un coin de la cour de l'école pendant la pause, j'ai remarqué un groupe d'élèves qui me lançaient des regards étranges avant de commencer à proférer des insultes grossières et obscènes. D'abord, j'ai essayé de rester calme pour éviter les problèmes, mais j'ai fini par réagir et leur ai demandé d'arrêter ces comportements irrespectueux, surtout que je ne leur avais rien fait...", raconte Ikram B., une élève de terminale dans une école privée à El-Achour, à Alger.
Souvent, on entend des récits similaires sur des incidents dans les établissements scolaires, tous cycles confondus, impliquant des élèves victimes d'intimidation ou de violence physique et verbale de la part de leurs camarades, au point que certains envisagent de quitter l'école.
Le journal El Khabar a choisi d'interroger des élèves victimes de violence pour mettre en lumière cette problématique grandissante dans les écoles.
Ikram, les larmes aux yeux, raconte qu'elle n'a pas seulement subi de la violence verbale, mais aussi physique. Une de ses camarades l'a agressée, lui a arraché un bracelet pour le jeter dans les toilettes. Elle a alors eu une crise d'asthme et a dû appeler son père pour qu'il la ramène chez elle. En état de choc, elle a refusé de raconter l'incident à ses parents, craignant leur réaction.
Meriem, mère de deux enfants, a raconté l'expérience de sa fille avec le harcèlement scolaire : "Ma fille est en troisième année primaire et souffre d'une maladie auto-immune qui affecte son équilibre moteur. Au début de l'année scolaire, elle a été victime d'intimidation de la part de ses camarades, qui sont allés jusqu'à la pousser par terre, casser ses lunettes et l'insulter avec des termes très blessants".
"Ma fille est rentrée à la maison dans un état psychologique difficile et a refusé de retourner à l'école. Je me suis alors plainte auprès de la direction de l'école et décidé de l'emmener voir une psychologue. Après plusieurs séances et en suivant les conseils de la spécialiste, ma fille a pu surmonter cette épreuve", a-t-elle ajouté.
Meriem a lancé un appel aux parents pour qu’ils éduquent leurs enfants à respecter leurs camarades, à ne pas les harceler ni les violenter.
Ce phénomène, bien que présent dans les écoles auparavant, n'a jamais été aussi intense qu'aujourd'hui".
Dans une autre histoire, Lina, élève en deuxième année secondaire, partage son expérience du harcèlement scolaire : "Après avoir été transférée dans une nouvelle école, de nombreux élèves se sont moqués de mon apparence, car je souffrais d'obésité. Cette période a été très difficile, les harcèlements ont duré presque un an ou plus, jusqu'à ce que je décide d'abandonner mes études. J'en ai parlé à mon père, qui a expliqué la situation au directeur. Celui-ci a convoqué les parents des élèves concernés et les a avertis de ne plus m'importuner."
"Même si cet épisode remonte à un certain temps, je continue de souffrir psychologiquement des conséquences. Bien que j'aie perdu du poids, je n'accepte toujours pas mon apparence et je ressens un complexe par rapport à mes camarades", a-t-elle ajoute avec une voix tremblante.
« L'absence du rôle de la famille dans l'éducation a amplifié la violence scolaire »
Dans une déclaration au journal El-Khabar, le syndicaliste et ancien inspecteur du secteur de l’Education Nationale, Massoud Amraoui, a expliqué que le phénomène de violence entre élèves a connu une nette augmentation ces dernières années.
Cette recrudescence s'expliquerait, selon lui, principalement par l'abandon du rôle éducatif par les familles. Il estime que de nombreux parents ne s'intéressent plus à une éducation saine pour leurs enfants.
"Beaucoup de parents se concentrent uniquement sur la réussite scolaire de leurs enfants, même par des moyens douteux comme la tricherie. Certains vont même jusqu'à demander aux directeurs des écoles privées de promouvoir leurs enfants redoublants. Pire encore, si un père découvre que son enfant s'est mal comporté à l'école ou a consommé des drogues, il réagit avec désinvolture. C'est ce genre de comportement qui a conduit à un manque de respect généralisé parmi les élèves", a ajouté Amraoui.
Dans le même contexte, notre interlocuteur a précisé que l'école seule ne peut pas assurer l'éducation complète de l'élève, ni lui transmettre toutes les connaissances et compétences.
Il a souligné que l'éducation doit être un effort conjoint entre l'école et la famille. Si l'un des deux acteurs abandonne son rôle, l'équilibre est rompu, entraînant des conséquences graves.
Le syndicaliste a également mis en lumière l'absence des associations dédiées à la jeunesse, qui devraient jouer un rôle clé en encadrant cette catégorie, en leur prodiguant conseils, orientations, et formations.